Ci-dessous, texte de l'homélie de Mgr Dollmann.
Homélie de Mgr Dollmann
La célébration de la Passion et la prière du chemin de croix interpellent notre attachement au Christ crucifié, notre fidélité dans et par-delà les épreuves. Ne répondons pas trop vite. Ceux qui sont frappés par la maladie ou le deuil savent combien le cœur peut basculer entre le désespoir ou la confiance en Dieu.
La trahison de Judas et le reniement de Pierre révèlent leur incompréhension face à la croix. Suivre le Christ jusqu’à la croix est à contre-courant de la logique humaine et surtout de notre société du confort et du bien-être.
Ce chemin est exigeant. Mais le Christ non seulement nous y précède, il est à nos côtés. Il l’a été d’une manière déroutante pour Judas.
Même après avoir livré Jésus, il aurait encore pu revenir vers le Seigneur. A son arrestation, celui-ci demande à deux reprises : « Qui cherchez-vous ? », question qui veut toucher également le cœur du disciple Judas.
Du côté du Seigneur, il n’y a aucune condamnation, mais seulement une main tendue jusqu’au bout. Malheureusement, Judas n’a pas saisi cette main salutaire.
Contrairement à Pierre, Judas a, jusqu’au bout, refusé la croix et s’est également fermé au Pardon de Dieu. Il ne pouvait alors que se laisser prendre dans l’engrenage infernal du repli et du désespoir.
Et nous ? Face à la Croix de Jésus et face aux épreuves de la vie, dans le monde et en nous, quelle sera notre réponse ?
Comme pour alléger à l’extrême notre combat spirituel, Jésus nous a donné la Vierge Marie, sa Mère. Un chant connu dès le 14ème siècle, le Stabat Mater l’exprime avec force : « Debout, la Mère douloureuse près de la croix était en larmes devant son fils suspendu ».
La Vierge Marie est ainsi le modèle par excellence de la foi. Elle, l’Immaculée, la toute transparente à la volonté de Dieu avait une foi parfaite. Pourtant elle avait encore à découvrir la mission et l’identité de Jésus, son fils. Bien sûr, dès l’Annonciation, elle connaissait l’origine divine de Jésus ; mais il lui fallait encore accepter d’accueillir pas à pas sa mission pour le salut du monde, mission qui allait passer par l’humiliation de la Croix.
Au pied de la croix, on peut mesurer le chemin parcouru par Marie : elle s’est libérée de tout ce qui pouvait être en elle, de l’attachement affectif à son fils.
Elle s’est donnée à Dieu et à Jésus, dans la foi. Alors que le ciel et les cœurs se sont obscurcis, elle, la Mère, est restée debout près de la croix, tournée déjà vers le matin de Pâques.
La Vierge Marie est également notre mère qui veille sur notre foi au Christ et nous aide à la faire grandir. Avec Marie, nous percevons mieux combien la mort et la résurrection du Christ sont l’accomplissement du salut que Dieu a préparé à travers la longue Histoire Sainte depuis la création du monde.
Conscients du combat de la foi que nous avons à mener dans notre pèlerinage terrestre, nous voulons faire nôtre, la fin du Stabat Mater qui s’adresse au Christ par Marie : « Au moment où mon corps mourra, fais qu’à mon âme soit donnée la gloire du Paradis. Amen ».
+ Vincent Dollmann
Archevêque de Cambrai