Charles de Foucauld et son expérience de l’Islam

La relation de Charles de Foucauld à l’Islam est complexe et a donné lieu à des interprétations diverses et parfois opposées.

Une découverte :

Pour Charles de Foucauld, son expédition au Maroc est une expérience décisive dans son itinéraire humain et spirituel. Il y découvre à la fois l’Islam et l’hospitalité. La rencontre de l’Islam est pour lui un choc, première marche vers une conversion dans sa foi native : « L’Islam a produit en moi un profond bouleversement [...] La vue de cette foi, de ces âmes vivant dans la continuelle présence de Dieu, m’a fait entrevoir quelque chose de plus grand et de plus vrai que les occupations mondaines. Je me suis mis à étudier l’Islam, puis la Bible, et la grâce de Dieu agissant, la foi de mon enfance s’est trouvée affermie et renouvelée »

L’expérience de l’hospitalité est aussi quelque chose qui le marque en profondeur
« Parmi les souvenirs [...] il en est un d’une douceur infinie, un devant lequel tous les autres s’effacent. C’est le souvenir des hommes en qui j’ai trouvé bienveillance, amitié, sympathie, de ceux qui m’ont encouragé, protégé, aidé, Hadj Bou Rhim, Bel Qasem el Hamouzi, qui m’avez, au risque de vos jours, protégé dans le danger, vous à qui je dois la vie. »

Une rencontre à travers des personnes, une culture

Immergé parmi les Touaregs, il crée peu à peu des relations profondes de confiance : « Oui c’est vrai j’ai des consolations avec les Touaregs ; de plus en plus je trouve parmi eux de braves gens avec lesquels de véritables et sérieuses relations d’amitié s’établissent. Les Kel Ahaggar de mon voisinage me donnent les plus grandes douceurs et consolations ; j’ai parmi eux d’excellents amis. »

Une relation contrastée

Pourtant Charles de Foucauld, marqué par la culture coloniale de son temps et par une théologie qui considère les autres croyants comme des infidèles n’ayant aucune place dans le dessein divin, a une relation avec l’Islam pleine de contrastes. Parlant du livre d’Henri de Castries L’Islam, impression et études, il remercie l’auteur de donner « aux âmes les bienfaits de la vérité au sujet de l’Islam et de les délivrer de ce fardeau de fables que l’on entend chaque jour en gémissant », soulignant : « Est-il étonnant que les musulmans se fassent de fausses idées de notre religion quand presque tout le monde parmi nous en a de fantastiques de leurs croyances ? »

Mais c’est le même qui écrit : « Il me semble qu’avec les musulmans la voie soit de les civiliser d’abord, de les instruire d’abord, d’en faire des gens semblables à nous. Ceci fait, leur conversion sera chose presque faite elle aussi, car l’islamisme ne tient pas devant l’instruction. »

Charles de Foucauld est un homme de son temps mais sa foi en l’Amour infini de Dieu, son expérience de l’amitié partagée lui donnent des intuitions pionnières : « Je désire que les Touaregs aient une place au Paradis.  Je suis certain que le Bon Dieu accueillera au ciel ceux qui furent bons et honnêtes, sans qu’il soit besoin d’être catholique romain. »

Régine Chardonnet  (Fraternité Jésus Caritas)

Article publié par Service communication • Publié le Jeudi 12 mai 2022 - 14h16 • 550 visites

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