Le jeudi 2 juillet 2020, le reliquaire des corps des Sœurs Martyres de la Révolution a été offert au diocèse de Cambrai par la communauté des Ursulines de Saint-Saulve. Un symbole fort qui montre qu’aujourd’hui les reliques ont encore toute leur place dans la foi catholique.
1) D’où vient le culte des reliques ?
Le culte des reliques des martyrs existe dès le début de l’ère chrétienne.. À l’origine, on ne se permettait pas de déplacer le corps des martyrs, mais on venait célébrer l’eucharistie sur leur tombe en signe de lien entre la passion du Christ et celle des martyrs. De là est venue la tradition, exprimée par le concile de Carthage en 401, de placer la relique d’un martyr sous l’autel au moment de sa consécration. Cette pratique est toujours actuelle.
2) Qu’est-ce qu’une relique ?
Le mot vient du latin reliquiae, qui signifie « restes ». Les reliques sont donc ce qui « reste » des saints et des martyrs, que ce soit des parties de leur corps ou des objets leur ayant appartenu ou encore les instruments de leur supplice s’ils sont martyrs.
Les reliques sont de plusieurs sortes :
– Les reliques insignes : Le corps complet d’un saint ou un de ses membres entier (crâne, bras, etc.).
– Les reliques notables : une partie entière du corps qui n’est pas un membre (morceau du crâne, côte, mâchoire).
– Les reliques minimes (ou exiguës) : une parcelle ou un fragment de corps.
On utilise aussi le mot « relique » de manière assez impropre lorsque l’on vénère les vêtements ou les objets ayant appartenus au saint. On parle aussi de « reliques de contact » à propos de linges qui ont été déposés sur la chasse d’un saint ou directement sur la relique originelle.
3) Faut-il encourager le culte des reliques ?
Certes, le culte des reliques peut tourner à la superstition ou au fétichisme. Cependant, à la suite du second concile du Vatican, la Congrégation romaine pour la cause des saints l’encourage : « les reliques ont toujours fait l’objet dans l’Église d’une particulière vénération et attention, parce que le corps des Bienheureux et des Saints, destiné à la résurrection, a été sur la terre le temple vivant de l’Esprit Saint et l’instrument de leur sainteté ».
4) Doit-on « vénérer » ou « adorer » les reliques ?
Adorer est un culte rendu à Dieu seul ; vénérer est un acte religieux adressé aux saints. En langage théologique on dit que la vénération des reliques n’est pas de l’ordre de la latrie (adoration qui concerne uniquement Dieu) mais de la dulie (simple vénération).
Quoi qu’il en soit, la vénération des reliques doit orienter le cœur des fidèles à s’élever vers l’adoration de Dieu qui seul est parfaitement Saint. Le saint que nous vénérons est comme un relais qui nous conduit à adorer Dieu.
St Jérôme (+ 420) écrit : " Nous honorons les reliques des martyrs, afin d'adorer celui dont ils sont les martyrs; nous honorons les serviteurs afin que l’honneur rendu à ceux-ci rejaillisse sur le Seigneur."
Chasse contenant les reliques de ste Maxellende : Chaque année, le dimanche qui suit le 13 novembre, la paroisse Ste-Maxellende (Caudry) fête sa patronne.
5) Comment vénérer les reliques ?
Parmi les moyens de vénérer les reliques on peut citer « le fait d’embrasser les reliques, de les illuminer et de les orner de fleurs, de les employer pour bénir ou de les porter en procession, et aussi de les apporter aux malades pour les réconforter et mettre ainsi en valeur leur demande de guérison. Il faut éviter dans tous les cas d’exposer des reliques sur la table de l’autel, car celle-ci est réservée au Corps et au Sang du Christ, Roi des martyrs »
6) Qu’en disent les théologiens ?
St Thomas d’Aquin écrit « Celui qui aime quelqu'un vénère après sa mort ce qui reste de lui ; non seulement son corps et des parties de son corps, mais aussi des objets extérieurs, comme des vêtements. Il est donc évident que nous devons avoir de la vénération pour les saints de Dieu, qui sont les membres du Christ, les fils et les amis de Dieu et nos intercesseurs auprès de lui. Il est donc évident aussi que nous devons, en souvenir d'eux, vénérer dignement tout ce qu'ils nous ont laissé, et principalement leurs corps, qui furent les temples et les organes du Saint-Esprit, habitant et agissant en eux, et qui doivent être configurés au corps du Christ par la résurrection glorieuse. » (Somme Théologique IIIa q 25 a 6)
Reliques de ste Aldegonde portées par une jeune fille en cameline (la cape des chanoinesses du cloître mixte de Maubeuge fondé par la sainte)
7) Qu’en a dit Benoît XVI ?
« Les reliques nous conduisent à Dieu lui-même : en effet, c’est Lui qui, par la force de sa grâce, donne à des êtres fragiles le courage d’être ses témoins devant le monde. En nous invitant à vénérer les restes mortels des martyrs et des saints, l’Église n’oublie pas qu’il s’agit certes de pauvres ossements humains, mais d’ossements qui appartenaient à des personnes visitées par la puissance transcendante de Dieu.»
P. Bertrand ESTIENNE,
Service diocésain de liturgie