Dimanche 15 mai 2022 : rendez-vous à Rome !

 

Parmi les 10 nouveaux saints reconnus par le Pape François, trois français :  

Marie  Rivier  fondatrice des sœurs de la présentation de Marie,

César de Bus

Et Charles de Foucauld.

Ce dernier est peut-être un peu plus connu et plus proche de notre époque.  Charles de Foucauld est né le 15 septembre 1858 à Strasbourg.

Le 1er décembre 1916 il meurt touché par une balle en pleine tête. Entre ces deux dates 58 années de vie. Il venait d’écrire ces mots à sa cousine Marie de Bondy : « On sait qu’on voudrait aimer et vouloir aimer c’est aimer. On trouve qu’on n’aime pas assez ; comme c’est vrai, on n’aimera jamais assez, mais le bon Dieu qui sait de quelle boue Il nous a pétris et qui nous aime bien plus qu’une mère ne peut aimer son enfant.. »

Plusieurs membres de la fraternité Jésus Caritas rejoindront dès jeudi soir, la famille spirituelle de Charles de Foucauld, sa famille de sang, ses amis touaregs pour rendre grâce pour la vie de Charles de Foucauld et ce qu’il a donné à l’Eglise à travers le charisme des fraternités qui s’inspirent de ses écrits et de sa manière d’être présent à Dieu et au monde, pour crier l’Evangile par leur vies.

  

1- Quelques dates repères de la vie de Charles de Foucauld

1858, 15 septembre : naissance à Strasbourg


1864 : devient orphelin


1874-1876 : perte de la foi - formation militaire


1882-1884 : démission de l’armée - exploration du Maroc déguisé en rabbin 1886, fin octobre : retour à la foi, confession à l’église Saint-Augustin à Paris 1890-1897 : moine trappiste à N-D des Neiges, puis à Akbès en Syrie

1897-1900 : séjour à Nazareth, comme domestique des Clarisses

1901, 9 juin : ordonné prêtre à Viviers.

1901-1907 : séjour à Béni-Abbès (Algérie), puis Tamanrasset
- combat contre l’esclavage
- traduction des Évangiles en tamacheq, langue touarègue
- étudie la langue, la littérature et les poésies touarègues
- commence à établir un dictionnaire


Fin 1907-début 1908 : malade, Charles est sauvé par des touaregs.

1908-1916 : séjour à Tamanrasset, entrecoupé de 3 voyages en France
- pour faire avancer son projet de créer un groupe de personnes qui vivrait de la spiritualité de Jésus à Nazareth ;
- construit un ermitage d’été à l’Assekrem ;
- continue à partager la vie des Touaregs.


1916, 1er décembre : tué par un coup de feu à Tamanrasset


2005,13 novembre : béatification à Rome

2022, 15 mai  canonisation à Rome.

 

2- Saint Charles de Foucauld : quelle actualité pour aujourd’hui ?

P. Jean-Claude Lemaître

De nouvelles fraternités de laïcs continuent aujourd’hui à naître en Asie et en Amérique latine. Ce fait m’interroge : quels aspects du message de vie spirituelle de Charles de Foucauld continuent en ce début de XXIe siècle à séduire des personnes aussi diverses ?

« Nous sommes frères, nés d’un même Père. Avec des cultures différentes, mais tous frères. Et dans le respect de nos cultures et de nos traditions différentes, de nos citoyennetés différentes. Il faut construire cette fraternité. »


(Message du pape François pour la première journée de la fraternité humaine, 4 février 2021.) `

 

Marqué par une culture familiale janséniste et un idéal de colonisation

Pour lui, la civilisation française et chrétienne est la meilleure. Humaniser et évangéliser les peuples, c’est leur apporter notre culture, les éduquer et les développer à partir de ce que nous sommes. Charles de Foucauld prendra du recul en s’apercevant des limites des influences de l’époque.

Toutes les étapes de sa vie sont liées

Comme dans toute histoire, nous ne pouvons pas isoler une étape des autres de sa vie. Ainsi, en est-il de sa naissance en 1858, son enfance et adolescence, de ses années de scolarité et d’études comme de ses périodes de doute, d’incroyance et de fêtard.

En juin 1881, un déclic

C’est le début du réveil de sa conversion. Il part rejoindre son régiment dans le sud oranais... Son expérience d’explorateur géographe au Maroc, où il découvre l’Islam, le marque.


Depuis son déclic, cinq années se passent avant sa rencontre fin octobre 1886 en l’église St-Augustin de Paris. Nous mesurons combien le cheminement de ce nouveau saint nous parle en ce temps de pandémie : sa vie monastique ; ses trois années passées comme ermite à Nazareth ; son ordination presbytérale à Viviers en juin 1901 ; puis ses années passées à Béni-Abbès et à Tamanrasset jusqu’à sa mort, fin 1916.

Quinze premières années de recherche et de conversion avant son ordination et, après, quinze années d’écoute, de dialogue, de visites, d’écriture, d’exploration de la culture touarègue : 30 ans comme les années de vie cachée de Jésus, son bien-aimé qu’il a voulu imiter jusqu’au bout.

Il y a du Charles de Foucauld en nous et un peu de nous en lui

La période de pandémie a fragilisé un certain nombre de nos concitoyens. L’expérience missionnaire de Frère Charles nous rejoint: une certaine inefficacité, pas de disciple durant son vivant, pas de conversion, aucun Baptême, il vit un burn out à Noël 1907.

Atteint du scorbut, il est sauvé par les touaregs de son village qui quémandent alentour du lait de chèvre si rare en pleine famine. Dans cette dépendance, il accepte de recevoir. Le voici raboté dans sa vision humaine et chrétienne de colonisateur et d’ancien soldat.

Chaque personne peut se reconnaître

Un cheminement assez long, avec de multiples essais, où il lui aura fallu du temps pour se construire. Ces impasses rencontrées sur sa route de converti permanent, lui ont fait connaître des déserts qui l’ont aidé à son épanouissement de vie.
Ses multiples voyages, sa compétence géographique reconnue, son émerveillement devant la nature et la création, sa longue et fidèle passion pour la Parole de Dieu, sa volonté d’imiter Jésus dans sa vie cachée, publique et au désert, son sens de l’Eucharistie et de l’adoration, son attrait pour la culture d’un peuple particulier, une pratique de la mission dans le dialogue et la bonté font de cet homme d’hier un de nos contemporains par l’actualité de sa recherche constante à s’ajuster à l’amour de Dieu et de ses frères.

De l’Eucharistie célébrée à l’Eucharistie offerte...

Tout au long de ses années, il est resté habité et pétri de la présence du Seigneur, même au plus profond de la vague, en s’accrochant à la Parole de Dieu.
Il en faisait une méditation quotidienne. Quand il a été privé de l’Eucharistie, il a su rebondir, a appris à innover en vivant une obéissance créative et fructueuse au Seigneur, à ses supérieurs comme à ses deux accompagnateurs spirituels. Ce discernement novateur missionnaire, il l’a vécu dans cette double fidélité à son bien aimé maître et Seigneur Jésus et à son peuple. C’est au nom de cette fidélité créatrice qu’il a dû à certains moments de sa mission renoncer à célébrer l’Eucharistie. Il s’est mis à crier l’Évangile par toute sa vie.

Charles de Foucauld a porté du fruit auprès de tous en devenant un être eucharistique auprès de tous, un frère universel rayonnant de la présence de Jésus jusqu’à sa mort, et au-delà au sein de sa famille, auprès des touarègues et d’autres tribus, de militaires. Sa postérité spirituelle s’est développée au fil des années. Aujourd’hui, dix-neuf branches de sa famille spirituelle sont reconnues et continuent à vivre de son rayonnement missionnaire.

 

« Ce chemin de fraternité ne répond pas à une stratégie préétablie, savamment calculée. Il est le fruit de rencontres. Il rejoint en cela notre expérience à chacun et en Église. Notre Église ne peut se dire Église de la rencontre que parce qu’elle est d’abord l’Église des rencontres ». (Pape François, conférence de presse au cours du vol de retour d’Irak, 8 mars 2021)

 

Article publié par Service communication • Publié le Jeudi 12 mai 2022 • 742 visites

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