Lundi 29 mars 2021, lundi saint, à midi, le père Marc Beaumont a été nommé évêque de Moulins. Ce passage du statut de prêtre à évêque s’inscrit dans un processus et un choix méticuleux.
Prenons le temps de le découvrir ou le redécouvrir aujourd’hui.
La fonction épiscopale dans l’Église catholique
Successeurs des apôtres, les évêques ont pour mission d’enseigner, de sanctifier et de guider. L’évêque est établi pasteur d’un diocèse, en communion avec le chef (pape) et les membres du Collège des évêques (de toute l’Église). Il est le signe et le gardien de l’unité de l’Église locale.
Après sa nomination, le futur évêque, pris parmi les prêtres, reçoit sa charge par la consécration épiscopale (par l’imposition des mains de l’évêque qui confère l’ordination épiscopale et le don du Saint-Esprit) et l’exerce vis-à-vis du peuple de Dieu qui lui est confié.
Sur le plan canonique, l’Evêque diocésain est pasteur d’une église locale. La consécration épiscopale lui confère la triple charge de sanctifier, d’enseigner et de gouverner. L'évêque gouverne son diocèse en s'appuyant sur des conseils et en délégant son pouvoir.
- Enseigner
L’annonce aux hommes de l’Évangile du Christ est la charge la plus importante. Par la prédication, l’évêque appelle à la foi de nouveaux disciples et confirme dans la foi ses frères, les éclaire sur le sens de la Révélation et sur « les vérités de la foi à croire et à appliquer dans la pratique de la vie ». - Sanctifier
L’évêque « qui représente visiblement le Christ, Bon Pasteur et Tête de son Église » rassemble la communauté ecclésiale pour célébrer l’Eucharistie. Il administre le sacrement de confirmation (il en est le ministre ordinaire, sinon il délègue). Les évêques sont les « organisateurs et gardiens de toute la vie liturgique dans l’Église qui leur est confiée. » - Gouverner
Serviteur du peuple qui lui est confié, « dans un esprit d’amour et de dévouement envers tous », il gouverne l’Église locale par le conseil, la parole, l’exemple et prend les décisions nécessaires. Il a le souci quotidien de la vie du peuple chrétien et de ses pasteurs.
L’Évêque a quelques obligations fondamentales, comme celle de résidence personnelle dans le diocèse ou bien de visite annuelle de tout ou partie de son diocèse de telle sorte qu’il le visitera entièrement au moins tous les 5 ans.
Comment sont nommés les futurs évêques ?
Les prêtres ne posent pas leur candidature pour devenir évêque. Les évêques en fonction ont pour mission de signaler au nonce apostolique le nom des prêtres de leur diocèse qu’ils jugent aptes à ce ministère. Généralement cette liste s’établit entre évêques d’une même province.
À partir de ces listes, le nonce s’informe sur celui que l’on appelle le « candidat », en interrogeant, avec précision et sous le sceau du secret, les personnes les plus à même de les connaître. Ces personnes consultées peuvent être des prêtres, mais aussi des religieux ou religieuses et des laïcs.
L’évêque est nommé pour un diocèse, ce qui implique aussi que le nonce consulte et se renseigne sur les besoins de celui-ci. Pour cela, il consulte le président de la Conférence épiscopale, les évêques de la province ecclésiastique et, dans le diocèse concerné, quelques prêtres et des « laïcs reconnus pour leur sagesse ». Cette information porte sur le diocèse et ses besoins.
À partir de cette enquête, le nonce dresse une liste de trois noms qu’il transmet à la Congrégation pour les évêques à Rome. À partir de cette liste et avec un ordre de préférence, la Congrégation donne son avis au pape à qui appartient la nomination. Le pape est libre de respecter cette liste ou de choisir un autre candidat.
L’intéressé est prévenu par le nonce de la décision du Pape. Rapidement, le prêtre désigné doit dire s’il accepte ou refuse sa nomination.
Si l’intéressé accepte, le gouvernement français est prévenu, puisque, le ministère de l’Intérieur comprend toujours un Bureau des cultes.
Durant tout ce délai, la discrétion est maintenue et demeure jusqu’à la date de nomination sous le secret pontifical.
Lorsque la date de nomination est connue, toujours sous discrétion, on prépare les dossiers de presse pour coordonner la publication de l’information entre le Saint-Siège, la Conférence des Évêques de France, le diocèse d’origine du prêtre et le diocèse qui l’accueillera comme son nouvel évêque. La nomination est publiée par la Salle de Presse du Saint-Siège et par la conférence des évêques de France, invariablement à midi.
Comment se déroule une ordination épiscopale ?
L’ordination doit être célébrée au cours d’une messe solennelle, de préférence un dimanche (jour de la résurrection), à laquelle les prêtres et les fidèles du diocèse, sont tous invités. L’évêque est en communion avec tous les autres évêques du monde (le collège épiscopal) unis autour du Pape. Pour marquer cette communion, l’ordination épiscopale doit se faire en présence d’au moins trois évêques.
La liturgie de l’ordination est présidée par l’archevêque de la province ecclésiastique dont dépend le diocèse du futur évêque. Deux prêtres assistent le futur évêque, dont l’un demande à l’archevêque qu’on ordonne le futur évêque, pour la charge de l’épiscopat.
Après la présentation du diocèse et du futur évêque, l’archevêque demande qu’on lise la lettre apostolique du Pape, nommant le futur évêque. Avant d’être ordonné, le futur évêque prend devant toute l’assemblée les engagements au bon exercice de sa mission au nom du Christ.
S’en suit la prostration et litanie des saints. Ce rite signifie l’abandon à Dieu en imitant Jésus-Christ, mort et ressuscité et la confiance dans la communion des saints.
Vient le moment de l’imposition des mains et prière d’ordination,
le rite essentiel de l’ordination, l’archevêque impose les mains sur la tête du futur évêque, et à sa suite, tous les évêques présents. Pendant le temps de la prière d’ordination, on tient ouvert au-dessus de la tête de celui qui est ordonné l’évangéliaire.
L’archevêque répand ensuite sur la tête de l’ordonné le Saint Chrême.
Ensuite, on remet au nouvel évêque des objets caractéristiques de sa mission :
l’évangéliaire qu’il aura la charge d’annoncer, un anneau qu’il portera en signe de sa fidélité à l’Église, la mitre : invitation à mener une vie sainte à la tête de la communauté, la crosse appelée aussi bâton pastoral : signe de la charge pastorale de l’évêque qui prend soin du peuple de Dieu et le dirige sur le chemin du salut comme un berger prend soin et guide son troupeau.
Vient le moment où le nouvel évêque s’assoit sur la cathèdre, le siège de l’évêque, symbole de sa mission apostolique. En s’asseyant sur la cathèdre, le nouvel évêque est installé officiellement dans sa cathédrale. Le nouvel évêque échange un baiser de paix avec les évêques présents : ce geste marque l’accueil du nouvel évêque dans le corps épiscopal.
À la fin de la célébration eucharistique, le nouvel évêque va à la rencontre de son peuple qu’il bénit en parcourant la cathédrale et ses alentours.
L'évêque idéal existe-t-il ?
Le pape François s’est adressé jeudi 27 février 2014 aux membres de la Congrégation pour les évêques, devant lesquels il a évoqué ce que doit être le rôle de ce dicastère, chargé de l’aider à désigner les évêques de diocèses dans le monde entier. « Le peuple de Dieu a besoin et attend un pasteur, quelqu’un au grand cœur. Il veut un homme de Dieu, pas un gestionnaire ni un administrateur de société, quelqu’un capable de s’élever à la hauteur de la vue de Dieu pour nous conduire à Lui. Nous ne devons jamais perdre de vue les besoins des Églises locales, auxquelles nous devons répondre. Or il n’existe pas d’évêque standard. Pour nous, l’enjeu est d’entrer dans la perspective du Christ en tenant compte de la réalité des Églises particulières. »
En quelques phrases, le pape François a dressé un portrait des évêques dont l’Église a besoin. « Nul n’est besoin de compétences culturelles ou intellectuelles ni même pastorales », mais « nous avons besoin de quelqu’un qui rayonne par son intégrité, par une capacité à des relations saines, qui ne projette pas ses lacunes sur les autres au point de devenir un facteur de déstabilisation. (…) L’Église n’a pas besoin de défenseurs de ses propres causes ou de croisés pour ses propres batailles, mais de semeurs humbles et confiants de la vérité, d’hommes patients qui savent que l’ivraie ne pourra jamais remplir tout le champ. »
Sources :
https://eglise.catholique.fr/glossaire/eveque/
https://cybercure.fr/je-celebre-les-sacrements/ordre/article/deroulement-d-une-ordination-episcopale